Lenny and the Kids |
Enfants au romarin Petits doués de la caméra et des personnages boderline, les frères Safdie (23 et 25 ans) retrouvent les chemins de la Quinzaine, après le court de Benny, The Acquaintances of a lonely John, et le long de Josh, The Pleasure of being robbed. Toujours aussi speed, leur caméra d’épaule ne s’est pas assagie, à l’objectif de laquelle ils prêtent leurs yeux d’enfants de 7 et 9 ans. L’autobiographie s’étend au personnage de Lenny, mari largué, amant dépassé, employé pathétique et surtout père improbable, vu son incapacité patente à sortir lui-même de l’enfance. À reculons, leur mère s’est décidée à confier Sage et Frey à son ex, pour deux semaines de vacances, situation qu’elle appréhende avec une inquiétude certaine. Pour les enfants, cela signifie un changement d’univers radical, d’où leur éternel adolescent de père a banni toute notion de norme, avec ce que cela induit de déconnade, mais aussi de mise en danger.
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À l’instar de l’expression argotique Go get some rosemary, qui jette une fragile passerelle entre joie et tristesse, Sage et Frey, de situations ubuesques en plans calamiteux, vont ainsi emprunter crescendo la route qui va de la jubilation bon enfant aux épreuves limites. Ici, le rire ne se départit jamais d’une angoisse latente. Self-contrôle et responsabilité sont des mots absents du dictionnaire de Lenny, qui, copain plus que père, désarmant d’inconscience, a choisi le rire comme arme contre la solitude et comme pied de nez à une réalité qu’il ne parvient pas à maîtriser et contre laquelle il se cogne sous le regard sceptique de ses enfants… excepté toutefois lorsque ceux-ci sont plongés dans un profond sommeil. Et même là, on est tenté de pardonner l’impardonnable. Après la réussite de ce premier long métrage à quatre mains, on attend avec une certaine impatience les prochaines tribulations des frères Safdie. Marie-Jo Astic
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1h30 - Etats-Unis - Scénario : - Interprétation : Ronald BRONSTEIN, Sage RANALDO, Frey RANALDO, Eleonore HENDRICKS. |