Daniel & Ana
de Michel Franco
Quinzaine des réalisateurs
palme




Paradis du rêve et de l'amour

La nouvelle tendance mexicaine à laquelle Michel Franco consacre son film jette une ombre sur la carte postale traditionnelle de Mexico, où soudain le soleil ne chante plus tout à fait comme avant.

Tout semble aller bien pourtant pour Daniel et Ana, dont la jeunesse dorée s’épanouie dans les quartier chics de Cuidad México. Daniel, seize ans, a peu d’autres soucis que de s’entraîner à courir un marathon et se faire offrir une voiture par ses parents, tandis que sa sœur, Ana, la vingtaine, prépare son mariage, dont on devine qu’il sera “grand”.

Mais… victimes de carjacking, ils sont emmenés, yeux bandés, dans une petite maison de banlieue. Une fois leurs papiers vérifiés et leur fratrie avérée, guidés le long des couloirs jusqu’à une chambre immaculée, ils sont instamment sommés de faire l’amour ensemble devant une caméra : atmosphère glaciale (instillée dès le début et qui perdurera tout au long du film), ordres fermes et tranquillité déconcertante des “opérateurs”, Daniel et Ana n’auront d’autre choix que de passer à l’acte.


Tout le film tient dans cette scène mutique et qui ne fait qu’un bloc d’une prestation sexuelle ahurissante de sobriété et de froideur et de l’indicible violence que se font les frère et sœur pour s’exécuter. C’est le cas de le dire, car ils n’en sortiront évidemment pas indemnes, loin s’en faut.

C’est cet après que, de prostration en sentiment de culpabilité, de séances de psy en obsessions possessives, le réalisateur a du mal à gérer. N’abandonnant jamais son parti pris distancié et son univers réfrigérant, il a, à l’instar de ses protagonistes, peine à construire une deuxième époque, faisant paraître long un film qui ne l’est pas. Et ça c’est mauvais signe.

Marie-Jo Astic


1h30 - Mexique, Espagne - Scénario : Michel FRANCO- Interprétation : Dario YASBEK BERNAL, Marimar VEGA, Chema TORRE.

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