Tokyo Sonata
de Kiyoshi Kurosawa
Sélection officielle
Un certain regard
Prix du jury Un certain regard

palme

Sortie en salle : 25 mars 2009




Dès le premier plan, Kiyushi Kurosawa donne le ton. Oh, pas sa tonalité surnaturelle habituelle aux accents d’épouvante, mais un accord plaqué, froid, non moins monstrueux : l’embauche de jeunes employées qui s’engagent à travailler plus que de raison pour moins de figues que n’empocheront plus ceux dont elles prennent la place.
Ryuhei est un de ces « remerciés » par cette époque formidable nipponne. Sa descente aux enfers sera d’autant plus rapide et terrible qu’il n’est pas question d’avouer cette sortie de route à sa famille. Ryuhei compte bien garder auprès de sa femme et de ses deux fils l’autorité formelle qui n’est pourtant depuis longtemps qu’une coquille vide. Ce qu’il y a de terrifiant, c’est qu’il est loin d’être le seul cadre délestant l’ économie de son entreprise. Ils sont nombreux à garder le costard trois pièces, l’attaché-case… et le téléphone mobile programmé pour sonner toutes les dix minutes, afin de garder un contact avec les fantômes de leur vie professionnelle défunte. Comme des spectres visibles que par leurs semblables, ils hantent les jardins publics de la ville, partagent un repas à la soupe populaire et en viennent à accepter n’importe quel emploi de substitution en dernier recours.

Le film s’installe dans cette tragi-comédie sociale, mise en scène de manière implacable, mais selon un tempo syncopé, laissant succéder aux rythmes rapides et suffocants, des points d’orgue de respiration. C’est dans ces espaces que l’histoire du jeune fils de Ryuhei prend peu à peu corps. Alors qu’il prend des cours de piano en cachette, sa professeur lui découvre un talent rare de virtuose… Pendant que la mère remet en cause son passé en tant que tutrice de cette famille aux éléments qui se disloquent, pendant que le fils aîné ne voit son avenir et celui de son pays qu’à travers un engagement militaire aux Etats-Unis, le plus jeune rappellera à tous, grâce à un brillant Clair de Lune de Debussy, interprété dans un superbe plan-séquence, que l’avenir est là, même s’il fout les choquottes !

Jean Gouny

 

 


1h58 - Japon - Scénario et dialogues : Sachiko TANAKA, Kiyoshi KUROSAWA - Photo : Akiko ASHIZAWA - Décors : - - Musique : - - Montage : Koichi TAKAHASHI - Son : - - Interprétation : Haruka IGAWA, Kai INOWAKI, Teruyuki KAGAWA, Kyoko KOIZUMI, Yu KOYANAGI.

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