Bad, Bader, Badons…
L’aiguille s’enfonce dans la peau macabre de ses jeunes anglais en perdition. Le regard se trouble. L’être se perd…et le spectateur aussi.
A travers la mosaïque lugubre qui dresse le portait des trois protagonistes principaux, Gail, Rob et Mme Galdwin, le réalisateur tente de photographier avec réalisme leur déroute. Perte des valeurs, perte de celui qu’on aime, perte d’espoir et même perte du contrôle de soi-même cohabitent ainsi, tintant le film d’un pessimisme décapant et terriblement ennuyeux. Les multiples plans interminables où le corps douloureux porte les marques d’un désespoir radical, renvoie l’image d’une jeunesse blafarde et décadente ne s’exprimant que par des expériences extrêmes. Parallèlement à cette adolescence addict aux saveurs vaporeuses de l’opium et de la coke, se dresse le portrait d’êtres sculptés par le temps et par les tourments d’une vie fastidieuse. Duane HOPKINGS donne comme écho aux yeux cernés des jeunes ruraux anglais, les rides bleuâtres de femmes presque mortes. Ces portraits ennuient, lassent et finalement dégoutent le spectateur.
La sphère ésotérique dans laquelle le réalisateur veut nous inviter, ne semble présenter un intérêt que par le travail esthétique réalisé. La richesse des cadrages où la nature est filmée dans sa plus grande virginité, la luminosité calculée avec précision rendent compte de l’intensité du travail effectué. Duane Hopkings, par son expérience de photographe, peint avec profondeur l’esquisse de situations dramatiques, d’ailleurs le retour permanent des différents protagonistes à la photo comme objet souligne cela. Mme Galdwin se rattache à son portait en noir et blanc où elle pose avec son mari le jour de son mariage, Rob découvre la photo où il enlaçait sa petite amie quelques jours avant sa mort. La photo est la métaphore d’une époque déchue et d’un passé où le sourire existait encore.
Better Things est donc le théâtre des pulsions, des déchirements rythmés par une bande son mélancolique révélant le travail esthétique indéniable mais la monotonie emporte le spectateur dans une spirale suicidaire. Duane Hopkings, clôt son film en reprenant le refrain de Gail « Nohing, nothing », suivi du cadavre photographié d’un jeune qui a aimé. La boucle est bouclée et le spectateur écœuré.
Pauline Proffit
Lycée d’Artagnan de Nogaro
« Trainspo-Thing »…
« Pourquoi se disait-elle que si elle tombait amoureuse, les choses s’arrangeraient un tant soit peu ? » Par cette question sombre débute Better Things, où jeunes et vieux, désabusés, trompent leur ennui en plein milieu d’une campagne anglaise aussi affadie que le goût de leur vie.
C’est un zoom sur la réalité d’une jeunesse droguée et seule comme sur chaque détail symbolique que propose le réalisateur Duane Hopkins. Il est vrai que la beauté plastique et l’originalité de la structure narrative sont incontestables : Duane Hopkins a ici privilégié la forme afin d’y concentrer la puissance de ses messages.
Si la communication est rompue entre les personnages, elle le reste aussi par le cadrage : pas de champ, contre-champ mais des visages durs, détournés. La solitude touche toutes les générations, sauf l’âge mûr, presque absent. Son et montage sont à l’image de cette situation : la caméra passe de l’adolescence à la vieillesse abruptement mais le bourdonnement continuel d’une séquence à l’autre reflète le caractère inévitable de cet isolement, où chacun se retrouve.
Cependant, l’attention accordée à l’image maquille la faiblesse du scénario. Malgré des personnages tous captivants, incarnés de manière saisissante par des amateurs, l’histoire n’a pas assez de matière pour nourrir l’attente du spectateur. L’absence de profondeur affaiblit ainsi l’impact que ce thème aurait pu avoir.
Pour ce premier long-métrage, Duane Hopkins a signé une réalisation remarquable. Lui manque encore le fond pour faire un « better film »…
Nina De Bessa, Mélanie Thoinet
Lycée Carnot de Cannes
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Quatre drogués, un enterrement ...
La campagne anglaise. Une overdose. Une jeunesse désoeuvrée. Des personnages errants au regard fantômatique. La première partie de Better Things, tout en "plans séparés", nous introduit dans l'univers de la drogue où les adolescents ont perdu tout repère. Il est à ce moment difficile de comprendre les liens entre les protagonistes du fait de narration volontairement éclatée. Cette construction ainsi que l'atmosphère oppressante que créent le champ sonore et les gros plans multipliés parviennent à transmettre au spectateur l'état de léthargie permanente de ces jeunes perdus dans l'ennui.
Malheureusement, l'ennui nous gagne aussi. Contrairement à nos attentes, le rythme s'appesantit jusqu'à un point de non retour : le risque d'endormissement. On déplore en effet le choix du réalisateur de nous plonger dans cet état amorphe plutôt que dans l'emballement frénétique et maîtrisée provoqué par la drogue qui nous aurait tenu éveillés. On pense notamment au film Requiem for a Dream, marquant par son caractère psychotique et le mal-être omniprésent. Bien que Duane Hopkins donne une grande importance aux sens (regards, respiration, sons du quotidien, gestes), on a une vision générale négative de cette jeunesse anglaise. Son intention de montrer que ces jeunes gens s'attachent à des détails infimes de leur existence vide ne transmet pas le message d'espoir escompté. Le seul élément optimiste voulu salvateur réside dans l'Amour qui permet à certains personnages de s'en sortir, en se refusant aux plaisirs solitaires, dont la drogue et le sexe égoïste. Finalement, "nothing", premier mot du film, reflète avec exactitude la narration cyclique sans progression constructive.
Camille Rolland, Auxence Moulin,
Margaux Janin
Lycée Saint Exupéry de Lyon
« Rien »… Tout commence par ce « rien ». Et pourtant, le corps d’une jeune adulte git dans un canapé, sans vie. Une autre tente désespérément de sortir de la bulle dans laquelle elle s’est enfermée. Des personnes se lient, se délient mais toutes tentent de préserver le lien qui les maintient à la surface… à défaut de plonger dans la drogue, dernier refuge, substance à rêver. Ces fragments d’histoire se rassembleront au fur et à mesure du film pour former une mosaïque frappante de réalisme.
Dans ce premier long métrage de Duane Hopkins, il est question de la vie, de la mort, de jeunes qui découvrent la dure réalité, et de moins jeunes qui l’ont déjà vécue ou tentent de réparer les erreurs passées. Il aborde des sujets simples mais forts, accentués par l’émotion débordante du jeu des acteurs qui ne le sont pas de métier. Car il ne faut pas omettre que le casting n’est pas composé que de professionnels ; certains ont été repérés sur les lieux du tournage.
Le film a su peindre des sentiments avec justesse, sans jamais basculer dans le cliché facile d’une jeunesse « junkie ». Une mention spéciale pour le résultat visuel ; l’image se trouve subtilement exploitée grâce aux jeux de lumière et de couleur et les plans rapprochés sont propices à la mise en place d’une atmosphère émotionnelle forte. La matière et la manière sont en symbiose, toujours cohérentes formant un ensemble puissant et déstabilisant.
L’ambiance générale peut être perturbante mais la fin est libératrice pour les personnages comme pour le spectateur. La dernière image est apaisante et fait écho au début, nous livrant un vrai sentiment de finalité, voire d’espoir. Rien à redire… Rien.
Nadège Robin, Arnaud Schmitt
Lycée Jules Verne de Nantes
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