« Ces hommes qui sont nos frères »
Au cours d'un très long plan d'introduction, deux hommes s'approchent jusqu'à l'explosition de basses qui ouvre un écran rouge sang et assène le titre.
Fausto et Jesus font partie de cette armée de sans papiers mexicains venus tenter leur chance de l'autre côté de la frontière, à Los Angeles.
Sur Spring St., comme chaque jour, ils attendent
d'être ramassés par un pick-up qui les emmènera sur un chantier pour quelques heures d'embauche. Bien qu'encore jeunes, leurs conversation les révèlent déjà usés et délaissés par tout réel espoir.
Ailleurs, une femme survit entre sa solitude et un fils agressif et haineux envers cette mère, que quelques prises de drogue aident à soulager de sa désespérance.
Amat Escalante s'est expliqué sur les difficultés qu'il a eues à obtenir les autorisations de tournage des scènes en extérieur, portant à plusieurs années le temps de réalisation de Los Bastardos.
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Elles sont pourtant rares et courtes, puisque le huis-clos prend très tôt le relais, dès lors que les deux Mexicos investissent un soir la maison de Karen, alors que le fils est une fois de plus absent.
Ils s'invitent à manger et à passer la soirée chez elle, mi terrorisée, mi consentante à leurs volontés.
L'explication qui est suggérée, d'un contrat passé avec le fils pour se débarrasser de sa mère, paraît d'emblée outrancière.
À partir de ce moment-là une certaine vacuité s'installe qui pousse le spectateur à décrocher à tel point que, malgré tout sa vaine violence, lorsqu'arrive la scène finale, il y a beau temps que l'on ne porte plus guère d'intérêt au sort des uns et de l'autre.
Marie-Jo Astic
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