Tehilim
de Raphaël Nadjari
Sélection officielle
palme



De Raphaël Nadjari, nous avions apprécié I am Josh Polonski's Brother, tourné à New York, et surtout Avanim, drame de l'aliénation d'une femme dans la société israélienne, qui reste son meilleur film.
Tehilim n'est pas de ce niveau. L'histoire de cette famille déchirée entre religion et problèmes matériels, et cherchant à se reconstruire après la disparition du père, n'est pas sans failles, mais ne mérite pas l'accueil glacial qui a été le sien en sélection officielle. D'aucuns ont reproché au cinéaste français d'abuser des plans fixes pour filmer les lectures du Talmud ou de se complaire dans des effets du cinéma du réel. C'est pourtant une histoire touchante dont le minimalisme apparent de la mise en scène est au service d'une sobriété exemplaire.
Dès les séquences d'exposition, la caméra enregistre la gestuelle et les visages de personnages livrés à des rituels et des dilemmes révélateurs : repas de famille qui montrent le manque d'harmonie entre les parents au sujet de la religion, plans sur le fils aîné partagé entre la tentation communautariste et l'ouverture au monde.


La disparition prématurée du chef de famille à la suite d'un accident de la route laisse le spectateur dans un désarroi comparable à celui des proches, tant le début du récit était centré sur l'autorité et les conflits qui en découlent. Deux séquences capteront l'attention en particulier : l'arrivée d'un garagiste ramenant la voiture réparée, sous le regard embarrassé de la mère, et la volonté des fils de distribuer aux passants des livres saints en mémoire du père, violant ainsi la confiance du patriarche et de l'oncle.
La rigueur du découpage et le son en prise directe donnent du recul à la dramatisation. Il faut aussi souligner la qualité de la photo numérique ainsi qu'une partition musicale discrète et mélancolique.
Reste que cette œuvre aurait eu davantage sa place dans la section “Un Certain Regard”. Elle n'en demeure pas moins honorable.

Gérard Crespo


1h36 - France - Scénario et dialogues : Raphaël Nadjari, Vincent Poymiro - Photo : Laurent Brunet - Décors : Dror Sarogati, Benny Afar - Musique : Nathaniel Mechaly - Montage : Sean Foley - Son : - - Interprétation : Michael Moshonov, Limor Goldstein, Reut Lev, Yonathan Alster, Ilan Dat, Yoav Hait, Shmuel Vilojni.

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