Garage
de Lenny Abrahamson
Quinzaine des réalisateurs
Prix Art et essai
palme



 garage

Josie tient toute la place du scénario de Garage, film émouvant, surprenant et original. Dans un style visuel très dépouillé, Lenny Abrahamson met en scène une sorte d'idiot du village sympathique, au cœur d'une campagne irlandaise qui semble résister de plus en plus mal aux sirènes de la modernité.
Très justement interprété par Pat Shortt, Josie gère sa différence et sa solitude avec optimisme, laissant à l'instant présent le soin de rythmer son quotidien et ses actes. Perméable aux êtres et aux choses, serviable et docile, il mène sa petite vie bien réglée, entre le garage où il attend le client, l'épicerie où il flashe sur Carmel et le pub où il termine sa journée. Le moindre geste prend dans sa tête les proportions d'une immense mission, qui, une fois accomplie, laisse Josie satisfait mais épuisé.
Cela amuse le jeune Daniel, qui vient désormais le seconder au garage le week-end mais qui est aussi touché par sa simplicité et sa générosité. Car par gentillesse, Josie va tout partager, même ce qui n'est pas recommandable pour un mineur quinze ans.
Après avoir campé le personnage à travers le regard des autres – sa façon de marcher, de s'exprimer – un changement de ton s'insinue qui prend le parti d'une introspection plus intérieure, par laquelle la noirceur vient peu à peu gommer le ton léger et ironique du début.

Marie-Jo Astic

Derrière un film se cache toujours une morale...

Garage est un film réalisé par Lenny Abrahamson ; l’histoire se déroule dans un petit village perdu d’Irlande.

Dans les premières scènes de  Garage nous pouvons observer la solitude du personnage principal : Josie, un homme simplet dont la tâche est de s’occuper d’une station service souvent désertée ; il est fier et heureux de répéter inlassablement la même tâche tous les jours : sortir et bien ranger les bidons d’huile sur l’étagère le matin et les rentrer le soir toujours à la même heure. Une histoire touchante et à la fois tragique nous plonge dans la détresse d’un homme simple, au cœur pur mais qui a l’âge mental d’un enfant.

L'intérêt du film repose sur un comédien exceptionnel ; Pat Shortt apporte une intensité bouleversante au personnage principal.

Celui-ci n’est ni plus sage ni plus faible qu’avec le monde qui l’entoure, tout simplement autre.

Garage est un film sans artifice : la musique n’est présente qu’à la fin, le traveling de la camera tout au long du film donne aux spectateurs la sensation d’être acteur dans la vie solitaire de Josie.

De plus le manque d’actions et de dialogues entre les personnages produit un effet mélancolique.

L’arrivée d’un adolescent de 15 ans va bouleverser sa vie. Josie prend David sous son aile et lui apprend son métier ; il deviendra très vite son ami, une sorte de fils avec lequel il partage tout, avec une naïveté touchante.

Sans mesurer les conséquences de ses actes, Josie lui propose de visionner un film pornographique et de lui offrir sa boisson favorite : la bière. Choqué, David en parle à son copain qui parle trop…

Une plainte sera alors déposée contre Josie. Rejeté de tout le monde même de son ami, Josie se libérera en se suicidant dans la rivière, seul et en manque d’amour, en laissant au bord de l’eau ses chaussures et sa casquette : seules choses auxquelles il tenait tant.

Ce film détient une visée morale : il faut toujours réfléchir avant de réaliser un acte ou d’énoncer une parole que l’on regrettera au plus profond de soi …

Jeanne Chèze, Lycée Stanislas de Cannes

1h25 - Irlande - Scénario : Mark O'Halloran - Photo :Peter Robertson - Décors : Padraig O’Neill - Musique : Stephen Rennicks - Montage : Isobel Stephenson - Son : Rob Flanagan - Interprétation : Pat Shortt, Conor Ryan, Anne Marie Duff.

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