Cartouches gauloises
Summer '62
de Mehdi Charef
Sélection officielle
hors compétition

palme



Revendiqué comme autobiographique par Mehdi Charef, Cartouches gauloises nous replonge en 1962, alors que l'Algérie ne sera définitivement pas française et que les “Français” doivent partir.
Ali a alors onze ans. Sur les ondes on entend Dario Moreno et les Compagnons de la Chanson. Le pays, baigné de lumière, est terriblement beau. Pourtant, un après l'autre, Paul, David, Gino, et même Nico, s'en iront vers cette France triste et froide qu'ils ne connaissent pas.
C'est donc au travers des yeux d'un enfant – vendeur de journaux, porteur de courses, fan de cinéma qui connaît par cœur et en espagnol les partitions de Los Olvidados – que sont évoquées les amitiés vraies qui se sont installées entre indigènes et colons et que s'égrènent les souffrances de la guerre d'Algérie. Toutes les souffrances : les arrestations et tortures des rebelles (dont le père d'Ali), les exécutions sommaires (dont l'oncle d'Ali), les attentats aveugles, les viols, les départs désespérés, les harkis lâchement abandonnés.


Entre tout ça et la fête de l'indépendance, jour de tous les espoirs de tout un pays, Mehdi Charef construit un film d'une infinie sensibilité, truffé de bons sentiments entre les communautés, sublimé d'une image magnifique, propre et lisse. A se demander, malgré le récit, pourquoi cette guerre a finalement eu lieu et si elle s'est déroulée dans les conditions si terribles que l'on sait, et à abonder dans le sens de la thèse qui la qualifierait de simples “événements”, ainsi que cela se pratiquait sur le continent.
Le prétexte d'un regard d'enfant ne suffit pas, bien au contraire, à expliquer l'impression de banalité et d'angélisme que Mehdi Charef véhicule pour témoigner de tels faits. A croire qu'il aurait été épargné par ce qui, chez d'autres, a laissé tant de cicatrices.
Pour cet Indigènes soft, pour cette belle histoire, on peut d'ores et déjà augurer d'une très bonne audience télévisuelle.

Marie-Jo Astic

 


1h32 - Algérie - Scénario et dialogues : - - Photo : Jérôme Almeras - Décors : Hélène Melani, Adel Kacer - Musique : Armand Amar - Montage : Yorgos Lamprinos - Son : Olivier Hespel, Jonathan Gargui dit Marco, Olivier Goinard - Interprétation : Hamada, Thomas Millet, Tolga Cayir, Julien Amaté.

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