Uro
Stefan Faldbakken
Sélection officielle
Un certain regard


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Nous sommes en Norvège, sans doute à Oslo. La scène d’ouverture d’Uro assène brutalement le ton de la violence physique et morale qui règne tout au long du film. Quartier minable, où clodos et junkies dorment à même le trottoir, atmosphère glauque, descente musclée de flics et arrestations non moins musclées, dont le filmage caméra à l’épaule restitue l’hyper réalisme de situations implacables.
Délinquant repenti, HP a choisi d’entrer à l’URO, cette unité d’élite – le mot prenant ici un sens tout particulier – créée en 1980 et chargée de la lutte contre la drogue et le crime organisé. Le rôle de taupe qu’il y exerce ne laisse qu’une frontière très ténue entre flic et voyou, et HP semble perpétuellement poursuivi par une ombre : celle de ses origines misérables et d’un récent passé dans lequel chacune de ses missions lui donne l’occasion de replonger. Un passé qui a ancré en lui une dureté apparemment imperméable à toute sensibilité, une sorte de cohabitation inexorable avec la solitude, mais aussi des réactions imprévisibles et une personnalité incontrôlable, incompatible avec les codes à respecter et les limites à ne pas dépasser.

Si HP est d’une efficacité redoutable dans ce qu’il faut bien appeler son sale boulot, sa tendance à agir seul et à occulter sa hiérarchie lui vaut à maintes occasions de dures leçons de la part de ses supérieurs, des êtres rompus à tout et peu enclins à la négociation et au dialogue.
Ce dédoublement de personnalité que son métier lui impose sera particulièrement mis à mal lorsque, par l’intermédiaire de Mette, une ancienne amie, il devra atteindre le père de la jeune fille, gros bonnet du trafic de drogue, jusqu’à devenir l’acteur principal d’un drame familial où il se trouvera trop intimement lié. Jusqu’à ce que, à force de double jeu, se pose la question de sa loyauté et que la fatalité – voire l’hérédité – reprenne inexorablement ses droits.
Un premier film d’un réalisme cru et sans concession, où Stefan Faldbakken surprend par la force de sa mise en scène et où violence et suspense viennent servir un scénario parfaitement construit.

Marie-Jo Astic


1h44 - Norvège - Scénario, dialogues : Harald Rosenlow Eeg, Stefan Faldbakken - Photo : John Andreas Andersen - Décors : Jack Van Domburg - Musique : Ginge - Montage : Sophie Hesselberg - Son : Tormod Ringnes - Interprétation : Nicolai Cleve Broch, Ane Dahl Torp, Ahmed Zeyan, Bjorn Floberg, Eivind Sander, Kim Sorensen, Anne Krigvoll, Thorsten Flinck, Nicolas Bro, Nicholas Hope.

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