10 canoés, 150 lances et 3 épouses
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Fable mytho-poétique, 10 Canoës nous fait immerger dans la culture des Aborigènes et combine fantaisie, intelligence, et finesse du regard. L'accueil relativement consensuel de ce dernier film va peut-être relancer la carrière de ce cinéaste injustement décrié par un certaine critique, celle du « Triangle des Bermudes » dixit Michel Ciment. Quelque part entre Les Dieux sont tombés sur la tête (en plus fin), La Guerre du feu (en moins pompeux) et 2001: l'odyssée de l'espace (toute proportion gardée), l'œuvre utilise un argument de base pour dégager une réflexion humaniste et universelle, au-delà des spécificités ethnologiques (la polygamie, la diatribe).
Des effets de style a priori gratuits (un noir et blanc pour les séquences actuelles et la couleur pour le passé) donnent une certaine limpidité à ce récit pagnolesque qui évite à la fois les écueils de l'humour ethnocentrique et de la parabole lourdingue. |
En fait, une vision purement culturaliste est à l'origine du projet, des photos prises dans les années 30 étant prétexte à une reconstitution visionnaire de l'âge d'or de tribus. Mais l'aspect documentaire se veut ici artifice. De même que Robert Flaherty évoquait dans L'Homme d'Aran un type de pêche qui n'était plus dans les us à l'époque, Rolf De Heer filme la chasse aux œufs d'oie, guère pratiquée chez les Aborigènes depuis une trentaine d'années. |
1h31 - Australie - Scénario,
dialogues : Rolf de Heer - Photo : Ian Jones - Son
: James Currie, Tom Heuzenroeder - Montage : Tania Nehme - Interprétation
: Crusoe Kurddal, Jamie Gulpilil, Richard Birrinbirrin, Frances Djulibing,
Peter Minygululu, David Gulpilil. |