Fresh Air
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Aquarium
Viola est dame-pipi dans le métro à Budapest. Elle tente de s’accommoder de sa situation, pendant que sa fille Angela rêve d’un avenir moins sordide. L’une récure les toilettes et écume les clubs de rencontres. L’autre suit des cours de couture et attend le Grand Amour. Le sexe opposé est absent de leur existence, sinon sous les traits d’un grand échalas et d’un oncle profiteur, deux hommes qui ne peuvent prétendre combler ce vide. Un jour, Viola subit une agression alors que sa fille est en fuite vers l’Italie. Cet événement sera le révélateur d’un lien profond qui existe malgré tout. Le premier long métrage d’Agnès Kocsis, qui traite de la relation mère-fille, a le grand mérite d’être à la fois percutant et doux. Les personnages évoluent dans un univers léthargique, ils semblent comme engourdis et dépourvus d’émotions. Cela est parfaitement traduit par le jeu des actrices, tout en retenue et en pudeur. Par ailleurs, les couleurs et leur symbolique jouent un rôle très important dans la représentation des mondes respectifs d’Angela et de Viola. |
Ainsi,
Angela est presque exclusivement vêtue de vert,
couleur d’espoir mais aussi de noyade, puisque même lors
de sa fugue, elle ne parvient pas à échapper à son
quotidien urbain et terne. Sa mère, elle, se crée un
cocon rouge vif qui résonne comme un appel au secours. Mais
ces deux mondes se rencontrent dans la scène finale, qui voit
Angela revêtir la blouse écarlate de sa mère par-dessus
ses propres vêtements. Le lent travelling arrière, représentatif
de l’œuvre toute entière, suggère un rapprochement
futur des deux protagonistes, et peut-être un passage vers la
maturité. |
Mouvement cyclique
Budapest.
Mère et fille vivent une vie routinière dans une cité sordide.
Enfermement et solitude. Pas d’homme, si ce n’est le “héros”
d’une
série B dont elles ne manquent aucun épisode. Moment exclusif
devant la télé, où elles sont ensemble physiquement. La
mère, “dame-pipi” dans une station de métro, a
un travail dégradant et contraignant, qui fait honte à sa fille. |
Le
scénario, trop complaisant dans
la banalité, ne réussit pas à donner assez de
relief psychologique aux différents personnages, tels que Viola
(qui reste sans saveur), l’oncle ou l’ami d’Angela. |
Deux étrangères, une mère et sa fille, se
rassemblent tous les soirs pour regarder leur série préférée
dans un décor rétro. C’est le seul moment où elles
sont réunies. Angela est une apprentie couturière à Budapest,
et sa mère Viola travaille dans des toilettes publiques. |
Fresh air peut nous faire penser à un tableau vivant, accentué par
le cadrage toujours frontal, les surcadrages et les aplats de couleurs. |
Fresh
Air, le premier
long métrage de la réalisatrice
Hongroise Agnès Kocsis, nous plonge dans l’univers de
deux femmes : une mère, Viola et sa fille, Angéla. Elles
sont totalement opposées et ne communiquent jamais. Viola travaille
comme “dame-pipi” dans des toilettes publiques et rêve
de trouver l’amour. Sa fille rêve de travailler dans la
mode. L’une aime le vert, l’autre le rouge, la seule chose
qui les rapproche est leur feuilleton télévisé dont
elles ne manquent jamais un épisode. |
Malgré de
nombreux points négatifs, le film comporte certaines qualités.
On retiendra le choix des décors assez bien étudié :
Chaque espace correspond à l’univers d’un personnage
(la loge WC de la mère avec comme couleur dominante le rouge,
la chambre verte d’Angela avec ses dessins accrochés aux
murs…). |
Un
soleil rouge d’illusions |
Sa fille n’entretient aucune communication avec elle, au contraire, elle veut rompre cette filiation. L’adolescence est toujours un thème complexe, mais Agnès Kocsis surenchérit en basant son film sur le rêve d’Ailleurs, source de conflits et de ruptures. Elle nous décrit comment une adolescente lutte rageusement pour ne pas devenir comme sa mère. Efforts, à priori vains, puisque la jeune fille finira par “reprendre le tablier” laissé par sa mère. On a tous, à un moment donné, voulu prendre un bol d’air frais, mais ce film montre combien il est difficile de faire fonctionner l’ascenseur social. La toute
jeune critique |
Cœurs réunis |
Les
quelques économies
seront volées, et même violemment volées. Injustice.
Oui. Angéla est peu communicative. Incomprise sans doute. Mais
aussi très attachante. Fugue, fuite, quel mot correspondrait
le mieux pour parler de son départ vers l’Italie ? Peu
importe, mais ce qui est évident, c’est la rupture entre
Budapest et Rome. Elle quitte le côté sombre d’une
ville pour rejoindre la clarté, la joie. Lenteur, plans fixes,
silences et regards expriment cette force. |
1h49 –- Hongrie - Scénario : Ágnes Kocsis, Roberti Andrea - Image : Adám Fillenz - Son : Attila Madaras - Montage : Tamás Kollányi - Musique : Bálint Kovács - Interprètes : Izabella Hegyi, Júlia Nyakó, Anita Turóczi. |