Une vérité qui dérange
An Inconvenient Truth
Davis Guggenheim
Sélection officielle
Hors compétition

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Documentaire sur ou avec Al Gore, Une vérité qui dérange n'est aucunement le documentaire de l'ancien vice-président, et candidat malheureux à la Maison-Blanche. Certes, le politicien a participé activement au montage et au contenu, et Davis Guggenheim semble n'être que l'artisan de la mise en page technique, à l'instar d'un Clarence Brown mettant en lumière un star vehicle pour Garbo dans les années 30. L'absence d'invention cinématographique en fait un honnête produit télévisuel, plus passionnant par son propos que par sa forme. Depuis The Big One (mais Michael Moore a un projet de mise en scène, quoi que l'on pense de son œuvre), jamais une cause n'aura été autant détournée au profit du vedettariat et de l'autosatisfaction. Voici donc Al Gore dans Une vérité qui dérange. Les enjeux économiques, sociaux, politiques et scientifiques du réchauffement climatique sont abordés avec sincérité et une documentation remarquable. Les graphiques clairs, les témoignages accablants, les explications limpides en font une source pédagogique indéniable. Les discussions passionnées qu'il suscite (dans toutes les catégories d'âge) prouvent que ce documentaire était indispensable et mérite son large succès.

Des animations incrustées (la grenouille dans le tube à essai bouillant, l'ours polaire en quête de glaciers), donnent une tonalité humoristique et didactique appréciables, même si l'on doit à Bowling for Columbine de Moore l'antériorité du procédé. Là où le bât blesse, c'est que l'ego de Gore semble tout balayer sur son passage : travelling sur une salle chauffée riant à tous ses bons mots (ne manque que la standing ovation que Moore avait osée dans The Big One), digressions inutiles sur sa vie privée lorgnant vers le sentimentalisme à la Fahrenheit 9/11 (la maladie de sa sœur, la mort de son fils), poses narcissiques (Al à l'aéroport, Al et son Mac). La cerise sur le gâteau est offerte avec le générique de fin, recueil de recettes pour inciter le citoyen consommateur à limiter les émissions de CO2, y compris par la prière... Et si l'engagement de Gore est préférable au discours irresponsable de l'administration Bush, on peut se demander si l'ancien candidat démocrate aurait pu tenir son programme écologique, compte tenu des pressions des grandes firmes américaines. En dépit de ces réserves, il est conseillé de voir ce film qui s'inscrit dans le cadre du renouveau du cinéma documentaire depuis quelques années.

Gérard Crespo


1h38 - USA - Photo : Bob Richman, Davis Guggenheim - Décors : John Calkins - Musique : Michael Brook - Montage : Jay Cassidy, Dan Swietlik - Interprétation : Al Gore.

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