Depuis quelques années, Kim Rossi Stuart ne se contente pas d’être
la gravure de mode qu’il aurait pu rester. Comédien exigeant
et convaincant dans une filmographie de qualité (Les Clefs
de la maison de Gianni Amelio, Romanzo criminale de Michele
Placido), il est désormais un metteur en scène sur lequel
il faudra compter.
On peut penser que le personnage interprété dans le premier
film cité a dû l’influencer dans le choix du présent
scénario. Au jeune père maladroit mais sincère d’un
enfant handicapé succède ici un homme quelque peu dépassé par
les événements. Abandonné par son épouse,
Renato exprime sa douleur et son mal de vivre dans des rapports houleux
avec ses enfants. Le garçon, passionné de football, abandonnera
la natation au grand dam de son père qui aspirait à des
rêves de champion par descendant interposé. On retrouve, à plusieurs
semaines d’intervalle, les rapports de filiation ambivalents traités
au cinéma dans Je ne suis pas là pour être aimé ou Crazy.
Les scènes de disputes, qui évoquent le cinéma de
Pialat ou de Cassavetes, sans le style semi-improvisé de ces réalisateurs,
décèlent en fait le lien étroit entre les membres
de cette famille décomposée.
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En axant certaines séquences sur le regard du
fils, Rossi Stuart présente en outre un beau portrait des derniers
instants de l’enfance, qui évoque les grands jours du cinéma
italien, du Voleur de bicyclette à L’Incompris.
Sans doute les personnages féminins sont-ils un peu sacrifiés
et l’on peut regretter que l’apparition éclair de
la mère « indigne » n’ait pas donné lieu à davantage
d’approfondissement. Dans un rôle proche de celui de Nathalie
Baye dans Un week-end sur deux, Barbara Bulova compose pourtant
un intéressant portrait de jeune femme partagée entre l’amour
sincère de ses enfants et une quête de liberté. Mais
c’est un parti pris de metteur en scène qui est justifié par
la volonté de focaliser l’attention sur les conséquences
d’un manque affectif. En dépit de son sujet larmoyant, le
réalisateur évite les dérives à la Kramer
contre Kramer et préfère capter notre attention sur
un regard, un sourire, ou un non-dit. De la bien belle ouvrage.
Gérard Crespo |