La Vérité nue Where the True Lies Atom Egoyan Sélection officielle |
Après
Ararat, œuvre maladroite mais respectable sur le génocide arménien,
Atom Egoyan revient à Cannes avec l’adaptation d’un best-seller de
Rupert Holmes. Il reprend ici ses thèmes de prédilection, comme les
dérives de la société, notamment dans son rapport au voyeurisme. Les
ambiances cliniques et froides rappelleront deux de ses grandes réussites,
De beaux lendemains et Le Voyage de Felicia, mais dans le cadre apparemment
plus classique de la reconstitution d’époque et de la trame policière.
Il a été reproché au cinéaste d’avoir abandonné son style minimaliste et suggestif pour une narration plus “hollywoodienne”, avec histoire linéaire, suspense psychologique, soupe sentimentale et érotisme chic. C’est oublier qu’un auteur peut très bien souscrire un partenariat avec un studio et adopter les conventions du film de genre (encore qu’ici Where the Truth Lies ne s’apparente à aucune catégorie codifiée) sans pour autant renoncer à sa mise en scène et en imprimant sa marque. Les mêmes griefs avaient d’ailleurs, en d’autres temps, été adressés à Lang ou Kazan lorsqu’ils s’aventuraient sur des projets a priori moins personnels mais s’appropriaient en fait l’univers de la série B ou du film à gros budget. Et la volonté de rendre son œuvre accessible à un plus large public n’est pas forcément condamnable, l’évolution dans les carrières de Téchiné ou Wenders l’attestant. |
Mais
revenons à ce récit. Ici, on est face à un scénario passionnant, qui
se déroule sur deux époques : dans les années 50, une jeune femme nue
est trouvée morte dans un grand hôtel, après une nuit passée en compagnie
de deux vedettes du spectacle spécialisées dans l’animation d’un Téléthon
antipolio. Kevin Bacon et Colin Firth interprètent ces derniers, en
accentuant le cynisme et le charme des personnages. Dans les années
70, une jeune journaliste ambitieuse (Alison Lohman, une révélation)
enquête pour dévoiler la vérité et leur implication dans cette
ténébreuse
affaire. |
1h47 - Canada - Scénario, dialogues : Atom Egoyan - Photo : Paul Sarossy - Décors : Phillip Barker - Son : Steven Munro - Musique : ? - Montage : Susan Shipton - Interprétation : Kevin Bacon, Colin Firth, Alison Lohman, Rachel Blanchard. |