Cher à Cronenberg, le thème du faux semblant, de la transformation, du double pas forcément recommandable, de la naissance du monstre revient ici dans une facture apparemment plus classique, mais tout aussi maîtrisée. Les scènes d’action physique brutale alternent avec les changements radicaux de comportement générés par l’irruption de cette envahissante altérité, qui pèse lourdement sur le foyer et sur les relations entre Tom/Joe et Edie, ainsi qu’avec son fils Jack. Inévitablement la violence s’installe, alors que la lumière du film s’assombrit.
Au milieu de tant de haine, l’humour noir vient dédramatiser les dialogues : « Pourquoi tu as choisi ce nom ? — Parce qu’il était disponible. » ou encore habiller l’affrontement programmé et sanglant des deux frères.
Qu’il soit Tom ou Joe, Viggo Mortensen, à l’unisson d’une interprétation haut de gamme, est parfait autant dans son rôle d’humble citoyen que de professionnel du crime.

Marie-Jo Astic