Troie |
Sur
moi donc les ironies s'avancent et portent sur mon front la terrible
souffrance… d'oser attribuer une si belle palme à un film par les humains
tant décrié.
Bien sûr il y a l'étrange liberté prise avec l'histoire, la légende y laisse quelques plumes, les dieux et leur implication brillent par leur absence, Briséis endosse un rôle surprenant, les amours d'Achille et de Patrocle sont pudiquement édulcorées — ceci expliquant cela —… il y bien sûr fort à redire sur le traitement qu'inflige Hollywood à l'une des plus belles épopées antiques. Mais il y a au moins un avantage flagrant pour ceux qui, enfants, ont lu et relu ce conte sans jamais arriver à prendre parti pour l'un ou l'autre des camps. Ils trouvent enfin une réponse à un long questionnement : c'est bien vers les Troyens qu'il fallait pencher. Car côté grec, les choses deviennent un peu spartiates : et non, Agamemnon n'est plus le magnifique demi dieu qu'il fut, hélas Ménélas n'est qu'une brute infâme. Achille est rétrogradé au rang d'un Akelis copieusement ridiculisé par Brad Pitt, Patrocle — que l'on aimait tant et dont on pleura tant la mort — est déconcertant d'insipidité. Ulysse est vraiment un retors félon et entre nous, a bien mérité l'Odyssée qui, à en croire la légende, l'attend dans pas longtemps. Et que sont Ajax, Diomède et autres fiers et magnifiques guerriers devenus ? |
Cette
race-là émarge
manifestement dans le camp d'en face, chez les Troyens : là tout n'est
que droiture et bonté, courage, abnégation et équité. Même Pâris, jeune
inconscient par qui le scandale et l'anéantissement arrivent, devient
franchement sympathique. Hélène de Sparte, mais Troyenne d'adoption
car de cœur, prouve que la guerre en valait les massacres, Priam
vient à bout de votre dernier kleenex. Et puis il y a Hector, si beau,
qui, par Zeus, confirme qu'il est le meilleur des maris pour sa chère
Andromaque, le meilleur père pour son petit Anchise, le meilleur fils
pour le vieux Priam, le plus brave, prêt à tous les sacrifices pour
sa patrie et même à faire péter son armure comme, paraît-il, d'autres
l'ont fait depuis avec leurs chemises… |
2h43
- Etats-Unis - Scénario, dialogues
: David
Benioff - Photo
: Roger Pratt - Décors
: Nigel Phelps - Montage
: Peter
Honess - Musique
: James Horner - Interprétation
: Brad Pitt, Eric Bana, Orlando Bloom, Diane Kruger, Brian
Cox, Sean Bean, Brendan Gleeson. |