Sommeil amer |
Cadavres
exquis Si vous entendiez : « J'ai vu un film iranien au festival de Cannes qui traitait de la mort… c'était jubilatoire… », vous n'y croiriez sans doute pas ! Pourtant, Mohsen Amiryoussefi, ancien professeur de mathématiques - comme quoi la clarté d'esprit peu engendrer la fantaisie — propose dans son premier long métrage une farce macabre teintée de chronique sociale et de documentaire sur les rites funéraires, aussi légère qu'abyssale. Dans le petit village Sedeh, Esfandiar est laveur de morts et dirige sa petite entreprise, qui connaît peu la crise, basée aux alentours du cimetière. Contrairement à son entourage et à nous spectateurs, Esfandiar ne rigole pas avec la mort : c'est avant tout son gagne-pain, et laver les morts est un travail qui réclame autant de savoir-faire et de sérieux qu'un autre, surtout quand il s'agit par ailleurs de faire face à un personnel aussi contestataire qu'original. |
Ce qui
va surtout bouleverser cet homme au physique dégingandé sorti d'un
film de Tati, c'est la prise de conscience de sa propre disparition à venir,
quand l'aile de la mort vient frôler son dos. Perturbé par le choix
de son successeur autant que par son désir d'une ultime rencontre,
Esfandiar voit son existence, jusqu'ici réglée comme un constat de
décès, s'imbiber de doutes, d'espoirs et de négociations tantôt divines
tantôt terrestres. De situations drôles et cocasses aux scènes surréalistes
et métaphysiques, le film s'autorise le ton grinçant d'un pamphlet
politique, jamais lourd, porté par un rire frais et espiègle. |
1h27
- Iran - Scénario : Mohsen Amiryoussefi
- Photo
: Bayram Fazli - Montage : Mohsen
Amiryoussefi - Interprétation
: Abbas Esfandiari, Delbar Ghassri, Moshen Rahimi, Safar-Ali
Safari, Yadollah Anvari. |