The
Edukators |
« Les
années prospères appartiennent au passé » : traduction du titre original
du film, c'est aussi le message que Jan et Peter — rapidement rejoints
par Jule — laissent aux propriétaires des riches villas qu'ils “visitentî et
qui accompagnent le joyeux bordel qu'ils y laissent, refaisant la déco
des lieux… résistance poétique et non violente à une société accumulatrice
de biens de consommation qu'ils voudraient voir révolue. Interrompue par un épisode mené sur le mode du thriller à la suite d'une intervention qui tourne mal, cette fable politico sociale aborde le thème du dérèglement d'un monde où 90 % des hommes meurent de faim, tandis que 1 % se mettent au régime. En quête de propositions politiques mais refusant tout embrigadement, le trio oppose les armes dérisoires de leur méthode de “rééducationî des hommes à la super puissante apathie qui a envahi la société. Sans toutefois trop y croire : « Tout a déjà été tenté. Pourquoi ça marcherait avec nous ?» Pourtant il doit y avoir quelque chose à faire et l'état des lieux sans concession que Jan, le plus puriste des trois, fait de notre planète, est particulièrement criant de vérité et touchant de sincérité. |
Dans la
deuxième partie du film, la théorie des éducateurs se confronte au
fatalisme de leur victime involontaire, Hardy Hardenberg, et à l'ironie
du temps qui passe. Hardy, ex révolutionnaire activiste fait partie
de la génération 68. Lui a au moins connu la belle euphorie des lendemains
qui chantent, mais, comme tous les autres, s'est laissé emprisonné par
ses propres richesses : « J'ai joué le jeu, mais je n'en ai pas inventé les
règles.» En revanche, avec un humour jubilatoire, Hardy donne à ses éducateurs
quelques leçons bien senties à propos d'amour libre, leur fait la pige
aux cartes, leur ressert d'un ton sentencieux d'anciens préceptes : « Fumer
détruit la force révolutionnaire de la jeunesse. » ou leur assène quelques évidences
: « Avant trente ans, si t'es pas à gauche, t'as pas de cœur ; après,
c'est que t'es cinglé. » |
2h06
- Allemagne/Autriche - Scénario, dialogues
: Katharina
Held
- Photo
: Matthias Schellenberg, Daniela Knapp - Décors
: Christian M. Goldbeck - Montage
: Dirck Oetelshoven, Andreas Wodraschke - Musique
: Andreas
Wodraschke - Interprétation
: Daniel Bruhl, Julia Jentsch, Stipe Erceg, Burghart Klaußner. |