Les
Yeux secs |
Le
cinéma marocain a rarement été représenté au Festival de Cannes. Aussi attendions
nous avec intérêt la projection de ces Yeux secs réalisés par une
cinéaste qui fit ses premières armes dans le documentaire. Dans une terre
berbère enserrée par un étau de montagnes se niche Tizi, un petit village
de femmes. Celles-ci ne portent plus le voile rouge de la virginité : les
soirs de pleine lune, elles vendent leur corps aux hommes, en gardant en
elles leur mélancolie, leur douleur et leurs Yeux secs. Le film démarre par l'arrivée dans le village d'une vieille femme, ancienne « putain de Tizi » accompagnée de son chauffeur, qui s'éprendra de la chef rebelle et revêche de la communauté. Dès cet instant, des indices nous sont donnés sur le passé de ce « gynécée », le rythme lent et l'économie de dialogues ne permettant pas une précision explicite des enjeux dramatiques. Refusant tant le pittoresque que le misérabilisme, Narjiss Nejjar réussit une belle uvre contemplative avec une photographie rendant admirablement l'âpreté des décors. |
Quelques
instants de grâce illuminent même le récit, telle cette séquence où le
chauffeur interprète un spectacle forain inspiré du personnage de Charlot. |
2h02 - Maroc / France - Scénario : Narjiss Nejjar - Image : Denis Gravouil - Son : Laurent Benaïm - Musique : Guy-Roger Duvert - Montage : Emmanuelle Pencalet - Interprétation : Siham Assif, Khalid Benchegra, Raouia, Rafika Belhaz. |