Off the Map
Campbell Scott
Semaine Internationale de la Critique
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La Petite maison dans la prairie. La seconde réalisation de Campbell Scott n'a rien à voir avec la série télévisée des années 70. Ici, le toit ne s'écroule pas sous une morale édifiante et les fêlures de la famille Groden surprendront ceux qui s'attendaient à retrouver les canons de l' american way of life. Ici, le père est dépressif pour des raisons que nous ignorons, la mère fait pousser des salades bio en tenue d'Eve, et la fille s'adonne à l'école buissonnière en compagnie d'un parrain excentrique et attentionné.
C'est dans cet univers décalé et déjanté que débarque un jeune inspecteur des impôts médusé dont la vie sera transformée. Off the Map est d'abord un choc esthétique. Les paysages du Nouveau Mexique sont sublimés par une photographie, qui de teintes pastel en nocturnes délicats fait de l'œuvre un hymne à la beauté éperdue.
Certains plans filmant la nature ne sont d'ailleurs pas sans rappeler La Forêt interdite ou Et au milieu coule une rivière. La lenteur du rythme confère au film un aspect contemplatif qui est un oxygène face aux séquences de bruit et de fureur du cinéma hollywoodien.

Le talent de Campbell Scott réside aussi dans l'écriture d'un scénario épuré et de dialogues subtils : aucun mot d'auteur facile ne vient tempérer le ton mélancolique de certaines séquences, et si l'humour n'est pas absent (le cadeau d'anniversaire offert par la fille), le cinéaste n'a pas recours aux grosses ficelles du comique de situation pour montrer le choc des cultures (ce que le synopsis faisait craindre). Dans le rôle des parents marginaux, Joan Allen et Sam Elliott ont un jeu retenu et attachant qui ne glisse jamais vers le numéro d'acteurs ; quant à la jeune Valentina De Angelis, elle crève l'écran et devrait faire reparler d'elle. Off the Map : ce n'est pas seulement la cabane des Groden qui n'est sur aucune carte. Des personnages hors des sentiers battus sont filmés par un auteur singulier qui, s'il poursuit dans cette voie, pourrait suivre les traces d'un John Sayles, autre franc-tireur du cinéma indépendant.

Gérard Crespo


1h51 - 2003 - Etats-Unis - Scénario : Joan Ackermann - Photo : Juan Ruiz Anchia - Son : Billy Sorokin - Décors : Chris Shriver - Musique : Mark Campbell - Montage : Andy Keir - Interprétation : Joan Allen, Valentina de Angelis, Sam Elliott, Jim True-Frost, JK Simmons, Amy Brenneman

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