American Splendor
Shari Springer Berman et Robert Pulcini
Sélection Officielle
Un Certain Regard
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Film original par sa facture, comme on aurait souhaité en voir plus au cours de ce Festival. L'argument est pourtant simple : mettre en images la vie et l'œuvre d'Harvey Pekar, créateur de BD autobiographique, un genre qui a fait merveille dans l'Amérique des années 80. Mettre en scène aussi sa vision du monde, qui à elle seule vaut le détour.
Que faire quand on est documentaliste à l'hôpital des vétérans de Cleveland ? Que faire de sa petite vie simple, déprimée, jonchée de troubles obsessionnels. Dans sa perspective de « morosité et d'échec », Harvey, à la faveur d'une rencontre avec l'illustre illustrateur Robert Crumb, décide de la raconter… jusqu'à son propre cancer, en passant par le film dans son film, La Vengeance des ringards. « Aujourd'hui, je rêve d'échanger de la maturité contre du bonheur » : venant d'un tel personnage, le rêve est-il seulement envisageable ?

L'histoire s'arroge une tonifiante saveur lorsque notre anti-héros rencontre Joyce, sa femme, don double, « réformatrice notoire », experte à détecter en deux secondes les dérèglements psychiques de ses contemporains… question d'expérience familiale. L'intrusion dans l'univers de ces deux doux dingues devient alors vraiment jubilatoire.
Quant aux réalisateurs, ils accomplissent la prouesse d'un montage qui parvient, avec une énergique fluidité, à mettre en scène Harvey le vrai du présent, Harvey le vrai du passé, Harvey l'acteur du film, Harvey l'interprète de l'acteur au théâtre, Harvey dessiné et animé par les bulles euphorisantes de la vraie BD.

Marie-Jo Astic

1h40 - Etats-Unis - Scénario et dialogues : Shari Berman, Robert Pulcini - Images : Terry Stacey - Décors : Thérèse Deprez - Musique : Mark Suozzo - Montage : Robert Pulcini - Interprétation : Paul Giamatti, Harvey Pekar, Hope Davis, Judah Friedlander, Joyce Brabnr, Tobby Radloff.

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