Valentin, un gangster anglais, entreprend un tour du monde en solitaire à bord d'un voilier. Au même moment, dans un palace marocain, Jane, une chanteuse de jazz écorchée par la vie, ne croit plus en l'amour. Tous deux veulent oublier leur passé.

Depuis la Palme d'or attribuée à Un homme et une femme, Claude Lelouch a suivi un parcours atypique : bête noire des critiques et enfant chéri des midinettes, il a alterné succès internationaux et bides sans appel, avec une prédilection pour les récits déconstruits, mêlant les thèmes de la romance, la maladie, les voyages, les rencontres improbables. Aujourd'hui dépassé sur son propre terrain (par un Radu Mihaileanu par exemple), Lelouch propose avec And now ladies and gentlemen une agréable mais superficielle balade, parsemée de prises de vues touristiques (le Maroc), d'extraits de chansons de standards internationaux susurrés par Patricia Kaas, et d'autocitations parfois complaisantes.

Comme Lino Ventura dans La Bonne année, Jeremy Irons vole les bijoutiers mais la comédie policière tombe ici quelque peu à plat, l'élégant acteur anglais peinant à retrouver le charisme qui fut le sien chez Karel Reisz, Cronenberg ou Louis Malle. Cela ressemble au making of d'un film à faire, et jamais nous n'adhérons pleinement à cette histoire d'amnésiques tentant de trouver un second souffle à leur existence. Claudia Cardinale joue les guest stars sous-employées et une brochette de bons comédiens (Yvan Attal, Thierry Lhermitte, Ticky Holgado) ne fait que traverser l'écran, sans véritable incarnation de personnages. Il faudra attendre Roman de gare pour retrouver un Lelouch davantage inspiré et en forme. En dépit de ces réserves, les inconditionnels de love story et de soirées piano-bar pourront y trouver leur compte...

Gérard Crespo