Kaïro
Kurosawa Kiyoshi
Sélection Officielle
Un Certain Regard
Prix de la Critique internationale (Fipresci)


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Le début du nouveau millénaire marquera-t-il un retour massif au cinéma de genre ? L'avenir le dira mais la tendance s'affirme au sein de nombreuses cinématographies: les Etats-Unis bien sûr et Hong-Kong où les genres n'ont jamais disparus, mais aussi la France après une décennie très auteuriste et même l'Asie avec la Corée du Sud et le Japon.
C'est dans ce contexte et dans celui de l'engouement actuel du Japon pour le fantastique qu'il faut situer Kaïro, dernier film en date du prolifique Kyochi Kurosawa (sans parenté avec l'illustre Akira) dont on a pu voir à Cannes il y a quelques années Charisma.
Kaïro réactualise un genre, le film de fantômes, en le situant dans les milieux branchés de l'informatique et d'Internet.
Le suicide d'un jeune informaticien va lancer ses collègues et amis dans une inquiétante enquête où un site Internet sert de passerelle aux défunts pour entrer en contact avec les vivants, et ce – ils ne vont pas tarder à l'apprendre à leurs dépens – pas forcément pour leur bien.

Si Kaïro passionne assez vite le spectateur, c'est avant tout par sa grande maîtrise formelle : le filmage des appartements, noyés dans la pénombre, fait sourdre une étrange beauté (on pense à David Lynch); les apparitions des revenants, glaçantes, impressionnent et les espaces urbains, peu à peu désertés, dégagent une tristesse prégnante.
Car Kaïro ambitionne – et réussit souvent – à dépasser le film fantastique pour aboutir à un constat terrifiant sur une jeunesse aliénée par le monde virtuel (hors de l'ordinateur point de
salut !) et donc plus proche qu'il n'y paraît des spectres qu'elle tente de combattre.
Pourtant l'adhésion au film ne saurait être totale : les personnages (interprétés par une nouvelle génération d'acteurs et d'actrices à l'androgynie très contemporaine) ont une psychologie plutôt sommaire et quelques "gimmicks" de série B fauchée (comme ce ruban adhésif rouge sensé protéger les lieux de la contagion) à prendre au premier ou au second degré (?) sont d'une naïveté qui tranche avec le sérieux du propos.

Pierre Soubeyras


1h57 - Japon - Scénario et dialogues : Kurosawa Kiyoshi - Images : Hayashi Junichiro - Musique : Haketa Takefumi - Montage : Kikuchi Junichi - Décors : Maruo Tomoyuki - Interprètes : Kato Haruhiko, Aso Kumiko, Koyuki, Arisaka Kurume, Marsuo Masatoshi, Sugata Shun.

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