Desert Moon
Tsuki no sabaku
Aoyama Shinji
Sélection Officielle
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« Pouvons-nous continuer à désirer ce que nous possédons déjà ? » A cette question laissée sans réponse par Michel Gondry dans Human nature, Aoyama Shinji répond résolument "non". Il est vrai que Desert moon se veut beaucoup plus sérieux et qu'on s'y amuse beaucoup moins.
Nagai, chef d'entreprise comblé, a tout ce que peut apporter la “réussiteî. Réussite qui lui a fait perdre le besoin, le désir et surtout sa famille :
« Nagai voulait la lune, mais quand il l'a eue, il s'est aperçu qu'elle était déserte. » L'argent ne fait décidément pas le bonheur. L'heure est à l'explosion de la bulle Internet et à l'intangibilité des frontières entre réel et virtuel. Les jours heureux avec sa famille, les souvenirs du temps où on n'avait pas d'argent, Nagai ne les voit plus qu'à travers l'œil de son caméscope. Car Akira, sa femme en quête de repères, est partie avec leur petite fille dans la maison où elle a grandi. Entre eux, navigue Keechie qui n'a pas un sou et place donc l'argent comme valeur suprême. Voilà une opposition de situations qui vaut son poids à l'instar des symboles qui encombrent le film et

pèsent des tonnes. Les personnages, plutôt mal
joués, ne font aucun effort pour que l'on s'intéresse un tant soit peu à eux. La petite fille arrive même à se montrer particulièrement odieuse : alors que Nagai tente une reconstruction de sa famille en venant la rejoindre dans son exil campagnard, la merdeuse dit à sa mère en parlant de son père : « On a dit qu'on voulait plus le voir celui-là. Sinon je reste pas là. J'ai fait l'effort d'accepter de vivre ici (comprendre "bled pourri") à cette condition. »
Après la bonne surprise d'Eurêka l'an dernier, Aoyama Shinji a un peu trop forcé sur le monde du néant : cœurs désertiques, corps froids, émotions bridées mettent trop de distances entre ces êtres. Desert moon présente en revanche un réel intérêt pour sa peinture du Japon contemporain : si la réalité est vraiment en phase avec cette fiction, on ne peut qu'éprouver une réelle angoisse face au présent et à l'avenir de nos amis nippons.

Marie-José Astic


2h11 - Japon - Scénario et dialogues : Aoyama Shinji - Images : Tamra Masaki -Montage :Aoyama Shinji - Décors : Shimuzu Takeshi - Interprètes : Mikami Hiroshi, Toyota Maho, Kashiwabara Shuji, Ikari Yukiko, Natsuyagi Isao, Akiyoshi Kumiko, Hagiwara Kenichi.

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