La guerre est déclarée
de Valérie Donzelli
Semaine internationale de la critique
Séance spéciale (ouverture)



Sortie en salle : 31 août 2011




« Y’a un truc qui va pas »

C’est un grand film qui faisait l’ouverture de la 50e Semaine de la critique, signé Valérie Donzelli, particulièrement remarquée dans de Festival, un peu pour En ville, beaucoup pour Pourquoi tu pleures ?

Avec intelligence et justesse, la réalisatrice évite la lourdeur émotionnelle inhérente au sujet, écueil doublement menaçant dans la mesure où la fiction qu’elle en fait rejoint le drame personnel, vécu avec Jérémie Elkaïm, à présent son ex-compagnon.

Dans la vie tranquille et amoureuse de Roméo et Juliette, la radio relaie la déclaration de guerre à l’Irak des Américains. Adam vient de naître et pleure beaucoup : « Ce gosse, il a besoin d’être recadré » estime Roméo. Cela ne suffirait pas, car Adam vomit, puis met du temps à marcher, sa tête penche, il tire la langue. Et puis, il y a cette petite asymétrie faciale que décèle la pédiatre, à qui les parents viennent confier leur inquiétude. Les examens plus approfondis, Juliette va les faire à Marseille à la Timone, où elle a pu obtenir un rendez-vous rapide avec un grand ponte de ces choses-là. Une tumeur au cerveau est décelée. Le chemin de croix est commencé, en même temps que l’entrée dans un univers inconnu, pour le jeune couple et pour toute une famille, disparate mais unie autour de l’enfant. Chemin qui conduira à une opération réussie chirurgicalement, mais révélant que cette tumeur-là est particulièrement méchante. Et qui continuera…

Si dans La Guerre est déclarée Valérie Donzelli multiplie les talents de cinéaste, elle excelle aussi dans la « direction » de cet extraordinaire bébé, que sa caméra ne quitte que pour ménager à l’adorable couple Juliette/Roméo quelques instants salutaires de décompression, où la musique vient leur prêter assistance.

« Il va falloir être solide » les a-t-on prévenus en prélude au marathon et en guise d’entrée dans cette nouvelle ère d’angoisse, de douleur, d’incompréhension, de résistance, d’isolement, dans ce cauchemar qui vous vole le bonheur et broie votre vie en miettes, où on en viendrait presque à prier si l’on savait que cela peut servir à quelque chose, dont on ressort détruit mais encore solide… quant on est vraiment très solide au départ.

Courtes scènes incisives et vivaces, piquants moments de comédie, intrusion du musical, soirées open kiss ou autres défouloirs technos, plus que des procédés en alternance, une belle alchimie opère avec le même bonheur qu’un tour de magie, servi par de très jolis mouvements de caméra. Autour d’Adam, autour des jeunes parents qui ont l’amour pour toute cuirasse, la réalisatrice a levé une armée d’acteurs comme autant de remarquables serviteurs d’une très belle humanité.

Marie-Jo Astic



1h40 - France - Scénario : Valérie DONZELLI, Jérémie ELKAIM - Interprétation : Valérie DONZELLI, Jérémie ELKAIM, Brigitte SY, Elina LOWENSOHN, Michèle MORETTI, Philippe LAUDENBACH, Anne LE NY, Laure MARSAC, Emmanuel SALINGER.

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