Le Ruban blanc
The White Ribbon
Das weisse Band

de Michael Haneke
Sélection officielle
Palme d'or - Prix FIPRESCI - Mention Prix œcuménique
palme

Sortie en salle : 21 octobre 2009




On ne badine pas avec Klaussner

Palme de rattrapage, palme de copinage ou palme éminemment méritée, le diagnostic Huppert a fait parler dans les chaumières du 7e art… Peu importe, Michael Haneke réinvente le cinéma à chaque film, tout en s’imposant en maître de l’angoisse, qu’il opte de cuisiner ici à l’étouffée.

Si le décor est rapidement planté – un village d’Allemagne en 1913-1914 – ainsi qu’une atmosphère paralysante de rigueur, il n’en est pas de même des habitants, qui tissent une toile serrée entre un groupe – une chorale d’enfants et adolescents – et des individus : un baron, un régisseur, un pasteur, un médecin, une sage-femme, ainsi qu’un instituteur qui témoigne.

Des incidents de plus en plus préoccupants se produisent, comme autant d’actes criminels qui ne veulent pas dire leur nom, pour la simple raison qu’ils ne peuvent être qu’incompréhensibles au cœur d’un si sage village.

Mais la sagesse est loin de suffire à l’hégémonie d’un protestantisme intégriste qui prône, et inculque sous la contrainte et la violence, à leurs enfants blonds la pureté comme seule, unique et effrayante valeur. L’intégrisme monte en puissance dans le même temps que se révèle la noirceur, la veulerie et la lâcheté des adultes.

Le noir et blanc est splendide, le propos est clair, le hors champ est redoutable d’efficacité, le cadre est parfait, la forme à l’instar du fond est glaçante, la mise en abyme fascinante. Pourtant à force de radicalité, Haneke tend à s’enfermer dans un scénario empesé, dont l’évidente référence au Village des damnés a livré la clé depuis quelque temps déjà d’un film un peu trop long.

Bien que coutumière chez Haneke, son insistance à justifier sa démonstration prête ici particulièrement à caution, qui fait endosser aux frustrations issues d’une éducation trop rigide la naissance du mal et son apothéose lors de l’avènement du IIIe Reich. Si seulement… Il s’avère pourtant, de documentaires en actualités, que de tels schémas ont existé de tout temps, dans tous les pays, qu’ils continuent de fleurir aux quatre coins du monde et que la démoniaque imagination des adultes en la matière demeure désespérément sans frontières.

L’équation est pourtant simple : la pureté n’existe pas, elle ne peut être qu’un fantasme d’esprits malades et partant elle ne peut engendrer que le mal.

Marie-Jo Astic


2h24 - Autriche, Allemagne - Scénario : Michael HANEKE - Interprétation : Susanne LOTHAR, Ulrich TUKUR, Josef BIERBICHLER, Burghart KLAUSSNER, Marisa GROWALDT.

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