Inglorious Basterds
de Quentin Tarantino
Sélection officielle
Prix d'interprétation masculine - Christoph Waltz -
palme

Sortie en salle : 19 août 2009




Les zéros sont fatigués

Enfant gâté du Festival de Cannes, surdoué autant qu’amoureux du cinéma, Quentin Tarantino revient, avec un sujet longuement mûri, pour une double vengeance ourdie dans la France occupée de 1941 : celle d’une dizaine de salopards recrutés parmi les Juifs américains  par le lieutenant speedé Aldo Raine, plus vite que ne le fit en son temps Lee Marvin sous la direction de Robert Aldrich ; celle d’une Juive d’Europe, rescapée du massacre de toute sa famille et last but not least… cinéphile. Cible commune et défouloir : les Chleuhs.

Pour la première, le deal est simple : chaque soldat du commando doit rapporter au moins cent scalps de soldats allemands (la variante “crâne défoncé” étant toujours envisageable), histoire de faire changer de camp la terreur semée par la peste noire.

Une fois lancée sur les rails cette opération de salubrité publique, Tarantino ne s’y attarde guère, afin de passer à la phase 2 et resserrer le cadre de l’Histoire du monde sur deux électrons libres : Shosanna, la victime et le colonel Hans Landa, le bourreau. Soit Mélanie Laurent, parfaite dans son jeu et dans sa maîtrise du personnage le plus subtil, à la fois nuancé et radical, du générique ; et Christoph Walz, nazi polyglotte, chasseur de Juif de son état, caricature vivante du mal personnifié, dont l’exhibition a fait l’unanimité du public et de la critique, lesquels quatre jours auparavant misaient très sérieusement sur Tahar Rahim.

Ainsi après une mise en jambes jubilatoire sur fond de conversation entre Landa et un paysan français (le juste qui cache la famille juive), il s’avère très vite qu’au niveau de maîtrise de telle ou telle langue atteint par notre SS, sont irrémédiablement liés et l’Histoire avec un grand H et le scénario de Tarantino, qui règle vite fait bien fait son compte à la réalité pour sublimer la fiction par laquelle le cinéma va sauver le monde de la barbarie, reléguant au rang de figurants les stars du IIIe Reich.

Style BD, incrustations d’écran, dialogues déjantés, chorégraphies grandioses, fusillades chorégraphiées sur envolées lyriques, BO génialement ringarde (avec en intro la Ballad of the Alamo, soit Le Bleu de l’été in French), références appuyées à quelques réalisateurs politiquement incorrects et leurs chefs-d’œuvre, tels Leni Riefensthal et Piz Palü ou encore Henri-Georges Clouzot et Le Corbeau, référence culottée à Cannes et son Zanzibar… Quentin sait pourquoi on l’aime et il en use pour le plus grand plaisir de ses fans. Sans pour autant en abuser puisque les 2 heures 40 de projection passent plus vite que la plus courte des Blitzkrieg. 2 heures 40 de fürher méthodiquement organisée autour de cinq tableaux : France occupée 1941Inglorious bastardsGerman night in ParisOpération KinoRevanche en très gros plan.

À consommer sans modération.

Marie-Jo Astic


2h40 - Etats-Unis, Allemagne- Scénario : Quentin TARANTINO - Interprétation : Brad PITT, Christoph WALTZ, Diane KRUGER, Mike MYERS, Mélanie LAURENT.

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