Les Sept jours
Blind Loves
Slepe lasky

de Ronit Elkabetz, Shlomi Elkabetz
Semaine internationale de la critique
palme

Sortie en salle : 02 juillet 2008




« Chez ces gens-là, on compte »

Avec Les Sept jours, l'ouverture de la Semaine était tout à fait en phase avec la tonalité générale du Festival, la haine jouant pleinement son rôle de guest-star.
Sur fond de deuil d'un membre de la famille, mort d'avoir trop dansé, voici un Festen, un Conte de Noël façon Israël.
Nous sommes en 1991, en pleine guerre contre Saddam Hussein, avec masque à gaz comme incontournable accessoire vestimentaire. Mais ce sont des affaires bien plus intimistes qui hantent une fratrie, sous le regard plein de reproches de la mère, tout occupée du respect des interdits prônés par la religion (manger de la viande, rire, afficher des photos ou des miroirs, porter des bijoux, écouter la radio, se maquiller…), mais aussi du bon accomplissement des rites à observer en une telle occasion.
Passons sur l'obligation de tourner les chaises vers l'ouest ou l'interdiction de monter à l'étage de la maison, et arrêtons-nous sur le premier de ces rites, établissant la durée du temps d'obsèques. Sept jours c'est long et l'éclatement est à craindre d'une famille condamnée à vivre enfermée si longtemps et dans une totale promiscuité (autre bizarreté au passage : hommes et femmes font prière séparée, mais dortoir commun).


Et de fait, ça éclate ; on a beau sans cesse invoquer l'amour, l'honneur ou le respect, les kippas n'en volent pas moins bas.
Il s'avère, comme c'est souvent la cas, que seul le mort avait des qualités, chaque vivant mettant toute son énergie, ses frustrations, ses rancœurs, sa jalousie à exhumer les défauts de l'autre.
Et parmi les principaux sujets de réjouissance – divorce, tromperie, désespérance… – c'est l'argent qui tient le haut du pavé.
Sans rivaliser avec les précédents cités, le film est bien construit et, entre deux éclats de férocité, émaillé de touches d'humour et de réelle émotion.
Espérons toutefois qu'il ne soit pas totalement autobiographique pour les deux réalisateurs, frère et sœur de leur état.

Marie-Jo Astic


1h55 - Israël / France – Scénario : Ronit Elkabetz, Shlomi Elkabetz - Photo : Yaron Sharf - Décors : Beni Arbitman - Musique : Michel Korb, Sergio Leonardi - Montage : Joelle Alexis - Son : Itay Eloav - Interprétation : Sulika Kadosh, Albert Ilouz, Moshe Ivgy, David Ohaion, Rafi Amzaleg, Alon Aboutboul, Yehiel Elkabetz, Keren Mor, Ruby Porat Shoval, Hanna Laszlo, Yaelle Abecassis, Orit Sher, Dikla Elkaslassi, Ronit Elkabetz, Hana Azoulay Hasfari, Simon Abkarian, Gil Frank, Evelyne Agoel.

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