Voici bien longtemps que l'on avait vu clown aussi triste et constater de tels dégâts chez un comique de service, sans cesse confronté à la stupide injonction : « Faites-nous rire ».
Pierre Forêt, dit Pi (comme 3.14, rires !…) est chauffeur de salle à la télé. Or Pierre Forêt aurait voulu être artiste, chanteur ou comédien, et beau. En tout cas surtout pas drôle. Après six jours de grosse déprime et d'insomnie, il enlève Clovis Costa, son chanteur idole, et le séquestre dans l'appartement où il a grandi. Costa – inénarrable Patrick Chesnais – a beau lui dire qu'il y a erreur sur la personne, Pi n'en démord pas et s'enferre dans un délire qui laissera Costa scotché façon Spiderman.
Grand défouloir, film insolent et provocant, cinéma affranchi de toutes les ficelles habituelles pour en inventer de nouvelles toutes plus foldingues les unes que les autres, Bruno Merle avoue s'être copieusement éclaté – son équipe aussi à n'en pas douter – en tournant ce premier film pas comme les autres. La qualité de la pellicule et le format sont d'ailleurs à l'avenant des négociations que Pi mène avec les autorités en compensation de la libération de son otage , demandant, entre autres exigences, une caméra neuve…