Southland tales
Richard Kelly
Sélection officielle

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Richard Kelly était l’auteur de Donnie Darko (2001), film culte qui révéla Jake Gyllenhaal. Avec Southland Tales, il a voulu réaliser une comédie dramatique de science et de politique-fiction, avec pour trame la réalité de l’Amérique des années Bush. La critique interne des Etats-Unis a d’ailleurs constitué une constante de la sélection américaine cette année sur la Croisette (Bug, Fast Food Nation, A Scanner Darkly…).
Ici, Kelly livre un scénario costaud qui rappelle la boutade du producteur Harry Cohn, sorti de la projection de La Dame de Shangai et proposant  une prime très importante à quiconque réussirait à lui expliquer l’histoire… Pour faire simple, précisons qu’une explosion atomique au Texas suivie d’une pénurie de carburants amène une grande société américaine à élaborer un générateur d’énergie inépuisable mais qui altère le mouvement de rotation de la Terre. En parallèle, Los Angeles voit l’affrontement entre forces policières fascisantes et groupuscules néo-marxistes, dans un contexte de rétablissement de l’ordre moral et d’apogée du Patriot Act. Le reste est irracontable, et une galerie de personnages cocasses se croise dans une intrigue à tiroirs mêlant burlesque et cinéma d’action : célébrité devenue amnésique (Dwayne “the Rock” Johnson, l'ex-Roi Scorpion), ex-actrice porno (Sarah Michelle Gellar, très drôle), policier et son double (Seann William Scott), et une multitude de seconds rôles dans des emplois excentriques.


« C'est une comédie sur la fin du monde, assure Richard Kelly. Southland Tales parle de là où va notre pays et de nos grands dilemmes actuels sur l'énergie alternative, le terrorisme, nos libertés civiles qui nous sont retirées une à une ou encore les effets potentiels de la dégradation de l'environnement sur le comportement humain, son impact neurologique et ses conséquences sur le réchauffement climatique. » Les images loufoques qui défilent sur l’écran contrastent avec ces propos “politiquement corrects” et le cinéaste réussit à imposer un style là où Fast Food Nation s’enlise dans la facilité et l’absence d’écriture cinématographique. Le vertige qui nous saisit n’est pas sans évoquer certains films noirs d’anticipation comme En quatrième vitesse / Kiss Me Deadly (1955), d’ailleurs explicitement cité par Kelly.
Sans doute la profusion de personnages et le rythme trop endiablé sèment-ils un peu la confusion : un montage moins haché et “vidéo-clip” ainsi qu’une durée plus condensée auraient accentué la lisibilité et l’efficacité d’un récit riche en références et trouvailles visuelles. Tel quel, le film se laisse regarder comme une bande dessinée palpitante et irrespectueuse.

Gérard Crespo


2h40 - USA - Scénario, dialogues : Richard Kelly - Photo : Steven Poster - Décors : Alexander Hammond - Musique : Moby - Montage : Sam Bauer - Interprétation : Dayne Johnson, Seann William Scott, Sarah Michelle Gellar.

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