Soif
ThirsT - Atash
Tawfik Abu Wael
Semaine Internationale de la Critique
Prix FIPRESCI

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Pour son premier long métrage de fiction, le palestinien Tawfik Abu Wael nous plonge dans un drame familial, où modernité et tradition s'opposent de façon tragique. Ce n'est pas la moindre des qualités de Atash que de proposer une réflexion moins politique — le conflit israélo-palestinien n'est visible qu'en arrière-plan — que sociale et humaine.
Abu Shukri est installé avec sa famille depuis dix ans au fond d'une vallée, au milieu de nulle part, loin de leur ville natale. Le fils, quand il ne s'échappe pas pour se rendre à l'école, aide son père à braconner les arbres de la forêt voisine, dont les femmes, la mère et les deux filles, s'occupent de la fumaison sans relâche.
Le projet de construction d'une canalisation qui amènera l'eau d'une source proche vers leur enclave, va réveiller les instincts de liberté et précipiter les événements, depuis trop longtemps alourdis par un passé douloureux. Si le père, coincé entre le devoir moral et l'amour de sa fille, a porté son choix sur la voie de l'exil, son fils aura à se déterminer entre le changement et la tradition…

Le réalisateur, non content de nous cacher les clefs du secret familial, va jusqu'à dissimuler les serrures et les portes qui nous donneraient quelques éléments pour comprendre l'isolement voulu par Abu Shukri, le chef de famille rude et implacable.
D'abord un peu plombés par ce récit lent et pesant, on s'empare peu à peu du rythme narratif, en cohérence avec les lieux fortement cinématographiques, filmés en Cinémascope. Le décor naturel est un village palestinien complètement artificiel, construit par l'armée israélienne pour s'entraîner au combat urbain. « Les travellings sont affaire de morale » disait Godard… dommage qu'ici le filmage s'alourdisse d'un certain maniérisme, notamment dans les mouvements de caméra. Car Atash, œuvre qui “se mérite“ par ses cent dix minutes un peu chargées, reste un film au propos fort, servi par une mise en scène très maîtrisée pour un premier film.

Jean Gouny


1h50 - Israël/Palestine - Scénario : Tawfik Abu Wael - Photo : Asaf Sudry - Son : Maxim Segal - Musique : Wissam Jobran - Montage : Galit Shaked-Saul - Décors : Boaz Katzennelson - Interprétation : Hussein Yassin Mahjane, Ahamad Abed El Gani, Roba Blal, Amal Bweerat, Jamila Abu Hussein.

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