Clean
Olivier Assayas
Sélection officielle
Prix d'interprétation féminine pour Maggie Cheung
Prix Vulcain de l'Artiste-Technicien décerné par la CST à Eric Gautier
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Hamilton (Canada). Un couple se déchire à propos d'un deal musical au sujet d'un groupe : lui semble enclin à lâcher du lest, elle refuse son attitude qu'elle assimile à une compromission. Elle, c'est Emily qui part se procurer la dose d'héroïne quotidiennement consommée par le couple. Chacun sa dose, mais pour lui, Lee Hauser, rockstar reconnue, ce soir-là, ce sera l'overdose.
De cet ancrage profond dans le mythe du rock des années 80 dont Olivier Assayas fait une peinture très réaliste, à Paris, à Londres ou à Los Angeles, le film ne se départira pas, tandis qu'Emily devra, seule, se débattre pour justement en sortir, claquer la porte aux paradis artificiels, perdre la foi naïve des enfants de la musique pour redescendre sur terre.
Désormais privée de son idole d'époux, Emily doit se souvenir qu'elle a un fils, Jay, confié depuis longtemps aux parents de Lee. Elle n'a pas le choix, elle doit changer, devenir clean : «Les gens changent. S'ils en ont besoin ils changent »
Au récit éclaté géographiquement, culturellement, mais aussi dans sa narration, s'oppose la reconstruction forcée d'Emily. Un puzzle où les retrouvailles avec son fils — scène dénuée de tout pathos comme d'ailleurs toutes les autres — ne prendront pas plus de place que les autres pièces à assembler, parce que toutes demandent autant d'effort et qu'il n'est pas forcément facile d'être courageux lorsque tout va si mal.

Junkie, paumée, groupie destructrice, marquée au fer d'une culpabilité qu'elle récuse, porte-poisse, supportée parce qu'elle est pour un instant encore l'ex de Lee Hauser quand elle n'est pas rejetée, le moins que l'on puisse dire est que le personnage d'Emily n'est guère charismatique : Olivier Assayas écrit le rôle avec une vraie sensibilité, Maggie Cheung l'interprète avec une rare intensité émotionnelle. Emily a beau prendre des coups, elle ne renonce pas, elle ne triche jamais.
Seuls — Nick Nolte et Béatrice Dalle, tous deux excellents — Albrecht, le père de Lee, et Elena, amie d'Emily, comprennent l'honnêteté d'Emily : l'un sait trop avoir raté sa relation avec son fils pour récidiver avec Emily, l'autre connaît trop le difficile chemin de la reconstruction sur lequel s'est engagée Emily. Un voyage qui lui a apporté la paix avec elle-même, la privant du même coup de tout ce qui pourrait ressembler à la moindre illusion.

Marie-Jo Astic


1h50 - France - Scénario, dialogues : Olivier Assayas - Photo : Eric Gautier - Décors : François-Renaud Labarthe - Musique : Tricky, Brian Eno - Interprétation : Maggie Cheung, Nick Nolte, Béatrice Dalle, James Dennis, Don McKellar, Jeanne Balibar, James Johnston, Martha Henry, Lūtitia Spigarelli.

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