Le Temps du loup
The Time of the Wolf
Michael Haneke
Sélection Officielle
Hors compétition
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Drame collectif qui mène au sacrifice d'un enfant, film d'anticipation bien installé dans l'instant et dénué d'ouverture sur le futur, sorte de science fiction qui se serait échappée du genre, film catastrophe dépouillé d'effets spéciaux, causes vagues et effets terriblement tangibles, Michael Haneke confirme ici son talent pour employer des moyens narratifs qui n'appartiennent qu'à lui et nous installe, pas très confortablement, dans une histoire largement hors normes et pourtant porteuse d'un incomparable phénomène d'identification.
Anne, son mari et leurs deux enfants, Ben et Eva, arrivent dans leur maison de campagne : là déjà le père recommande à Ben de l'attendre pour entrer… Dix secondes plus tard, ç'en est déjà fini de la banalité. La famille se trouve face à des inconnus “installés” chez eux, la négociation pour s'arranger et cohabiter est brève, l'homme abat le mari de Anne, qui, hormis la réaction immédiate à la violence du coup de feu, ne semble pas si surprise que cela.

Quelque part en Europe, quelque chose d'apocalyptique s'est passé, rien ne fonctionne plus comme avant. Anne et ses enfants s'enfuient dans un univers sombre, dans lequel seuls des bûchers géants d'animaux, des torches improvisées ou la lueur d'un briquet (Haneke a le cran de tourner en lumière naturelle)permettent d'entrevoir des situations d'effroi. Ils tentent de rejoindre une gare, vers laquelle d'autres convergent aussi. Vers quel ailleurs ? Dans quel espoir ?
A partir d'une situation-prétexte, où il faut inventer d'autres modes d'organisation,Haneke décortique alors, plan séquence après plan séquence, les comportement de tout un chacun lorsque l'eau ne coule plus du robinet, lorsque le vernis de la civilisation a sauté, que les valeurs ont fait long feu, que la loi de la relativité règne en maître, que l'homme tente de survivre et de sauver sa peau et se retrouve tel qu'il est par nature : égoïste et sauvage, avec la violence comme seule arme contre la violence. Un univers dont les enfants – qui interprètent des rôles particulièrement forts – sont les premières victimes.

Marie-Jo Astic


1h53 - Autriche - Scénario et dialogues : Michael Haneke - Images : Jürgen Jürges - Décors : Christoph Kanter - Montage : Monika Willi, Nadine Muse - Interprétation : Isabelle Huppert, Maurice Benichou, Patrice Chéreau, Béatrice Dalle, Olivier Gourmet, Brigitte Rouan, Lucas Biscombe, Anaïs Demoustier, Daniel Duval, Marilyne Even, Rona Hartner, Florence Loiret-Caille, Branko Samarovski.

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