Mystic River
Clint Eastwood
Sélection Officielle
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L'Amérique de Clint Eastwood ne cesse de s'assombrir de film en film. Pas étonnant, il est vrai, si on la confronte à celle que nous observons d'ici. Mystic River ne fait que confirmer cette tendance mélancolique, et le fait avec un immense talent. Jimmy, Sean et Dave sont trois gosses que la vie n'a jamais vraiment séparés. Certes, Sean (Kevin Bacon) est devenu flic alors que Jimmy (Sean Penn) se tient difficilement dans les limites de la légalité. Mais ces trois-là sont soudés autour du traumatisme indélébile de l'enlèvement de Dave (Tim Robbins) survenu à l'époque où ils jouaient ensemble sur les trottoirs de Boston. Bien des années plus tard, c'est un nouveau drame qui va les réunir, ou les opposer. Sur un script de Brian Helgeland (L.A. Confidential, Créances de Sang), Eastwood continue à consolider le rempart d'un classicisme dont il est désormais l'un des plus grands défenseurs.

Son film en revendique constamment l'étiquette, en s'appliquant tout particulièrement à épouser avec soin les contours affectifs de chacun des personnages, rejetant presque l'intrigue au second plan. Dans Mystic River, l'eau de la rivière du même nom qui traverse Boston figure sans doute le trajet du temps qui a passé sur les protagonistes, mais pour Dave il s'agit moins d'un flux irréversible que d'une profondeur sombre et glacée de laquelle il n'a jamais réussi à s'évader. Il reste à jamais ce petit garçon qui n'a pas eu le temps d'écrire son nom sur le ciment frais du trottoir, et fait du film d'Eastwood beaucoup plus — ou beaucoup moins — qu'un thriller parmi d'autres.

Daniel Rocchia


2h17 - Etats-Unis - Scénario et dialogues : Brian Helgeland - Images : Tom Stern - Décors : Henry Bomstead - Musique : Clint Eastwood - Montage : Joel Cox - Interprétation : Sean Penn, Tim Robbins, Kevin Bacon, Laurence Fishburne, Laura Linney, Marcia Gay Harden.

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